mercredi 4 septembre 2013

Gurdjieff : La Transformation

Gurdjieff : la Transformation – 2e partie – les Fondements

Asaf Braverman
La quatrième voie diffère des autres voies en ceci qu’elle pose devant l’homme, avant tout, l’exigence d’une compréhension… Plus un homme comprendra ce qu’il fait, plus les résultats de ses efforts seront valables.” – G. Gurdjieff
Celui dont la vie est centrée autour du Travail vit dans une lutte acharnée perpétuelle. S’il se surprend à s’abandonner à l’imagination, il l’interrompt aussitôt et fait attention à la réalité du présent. S’il voit qu’il se hâte sans nécessité, il veille à ce que ses mouvements soient intentionnels. S’il observe de la lassitude, il corrige sa posture. Le jugement fait naître de la compassion ; le ressentiment fait naître de l’acceptation, etc.
Cependant, les fruits de ces efforts de chaque instant dépendent de la compréhension sur laquelle ils sont fondés, parce que les résultats dans le Travail sont proportionnels à la compréhension ; ce qui soulève la question du motif : pourquoi chasser l’imagination? Pourquoi se séparer du ressentiment ? Pourquoi laisser tomber le jugement ?
Sur quels fondements nos efforts reposent-ils ?
“La lutte entre le ‘oui’ et le ‘non’ peut facilement être fondée sur de mauvaises raisons. Par exemple, une foi fanatique en une idée quelconque ou la ’peur du péché,’ peuvent provoquer une lutte terriblement intense du ‘oui’ et du ‘non’, et un homme peut cristalliser sur de telles bases. Mais la cristallisation se fera mal, elle sera incomplète. Un tel homme perdra ainsi toute possibilité de développement ultérieur.” – G. Gurdjieff
Gurdjieff - TransformationLa lutte intérieure entre le ‘oui’ et le ‘non’ — remplacer des habitudes mécaniques par des attitudes de travail— peut être entreprise pour différentes raisons, et la même lutte, livrée pour des raisons différentes, donnera des résultats différents.
Le mythe Hindou du Barattage de l’Océan de Lait (présenté dans le sujet du mois dernier :Gurdjieff : la Transformation – 1ère partie) recèle ce principe. Après que Vishnu engage les dieux et les démons à baratter l’océan pour en extraire le nectar de l’immortalité, ils entreprennent leurs efforts sans se demander sur quelles bases ils reposent. Les conséquences ne se font pas attendre :
“A mesure qu’ils barattaient, le Mont Mandara s’enfonçait, n’ayant pas de fondation…” – Srimad Bhagavatam
Les efforts fondés sur le néant s’effondrent dans le néant. C’est pourquoi, tandis que les dieux et les démons tirent alternativement sur le serpent, le Mont Mandara sombre dans l’Océan de Lait et, avec lui, les espoirs de voir leurs efforts récompensés. Leurs efforts initiaux sont édifiés sur une base fausse.
Gurdjieff - TransformationUn exemple fréquent de combat intérieur reposant sur de mauvaises bases, est le combat entrepris par vanité : par exemple, je suis affalé dans mon fauteuil de bureau ; un flash de conscience me fait voir que je me tiens mal. Je me redresse rapidement et regarde autour de moi si mon manager a remarqué mon manque d’application. En m’efforçant de contrôler ma posture, j’ai donc combattu la négligence, mais sur quel fondement ? Est-ce que je suis conscient ou est-ce que je fais semblant d’être conscient ? Peut-être que je réussirai tromper les autres, mais à coup sûr, je me suis dupé moi-même.
Sur quelle base juste fonder alors la lutte entre le le ‘oui’ et le ‘”non’? Le mythe Hindou répond à cette question :
“Lorsque Vishnu vit […] que la montagne commençait à s’enfoncer, il s’incarna dans le corps fabuleux d’une tortue géante, entra dans l’eau, et soutint la montagne.” – Srimad Bhagavatam
Pour préserver le gigantesque Barattage de l’Océan de Lait, le dieu Vishnu s’incarne en une tortue et soutient ses fondements. Il fait reposer le Mont Mandara sur son énorme carapace, permettant ainsi aux dieux et aux démons de continuer à tirer alternativement jusqu’à ce que l’océan soit suffisamment baratté et le nectar extrait.
De tous les acteurs de ce mythe (dieux, démons, serpent, océan et montagne) Vishnu est celui qui occupe le rang le plus élevé. Si nous lisons ce mythe comme un symbole de notre monde intérieur, cela signifie que nos combats intérieurs doivent reposer sur la plus haute part de nous-mêmes. Le barattage entre le ‘oui’ et le ‘non’ doit être fondé sur notre compréhension la plus profonde.
Pour faire écho à ce qui précède, ce mois-ci, j’invite mes auteurs à donner des exemples de combat fondé sur de mauvaises et sur de bonnes bases.
“Ce système est fondé sur la compréhension… Plus vous comprenez ce que vous faites, meilleurs seront les résultats de votre travail” – P. Ouspensky
This post was written by Asaf Braverman. Read Asaf's introductory post.

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